Rechercher dans ce blog

jeudi 10 août 2017

Après Cranfield...

Après Cranfield, dans le cadre d'un double-diplôme, vous aurez fini les études équivalentes au niveau Master (Bac+5). C'est un tournant dans la vie, puisque le grade de Master marque d'une certaine manière la fin des études.
En effet, si vous voulez avoir d'autres diplômes, ce sera des diplômes complémentaires (et a priori pas de niveau supérieur au sens stricte du terme) ; et le doctorat, bien qu'étant un diplôme (le dernier du système LMD), est particulier dans le sens où vous n'êtes plus vraiment un étudiant, mais un étudiant-salarié d'un organisme scientifique (université, école, ...).

Cette transition est donc importante, et ici à Cranfield, à un mois de la fin, tout le monde se pose la même question : que faire après ?

#KimKardashian #Money #TooMuch [Source : https://giphy.com/gifs/gq-kim-kardashian-make-it-rain-money-shower-3o6gDWzmAzrpi5DQU8]





Les possibilités

 

Insertion professionnelle des diplômés de Polytech Montpellier [Source : Rapport d'Activité 2016, Polytech Montpellier (page 17)]

Insertion professionnelle des diplômés de Polytech Montpellier [Source : Rapport d'Activité 2016, Polytech Montpellier (pages 18 et 19)]

 

 

 

Continuer les études



On en veut toujours plus, et certains décident de continuer leurs études. Lesquelles ?


Premier choix : la thèse
D'abord, vous pouvez continuer le système hiérarchique des études supérieures en poursuivant par un doctorat (prononcé PhD en anglais (pourquoi ? → Les cours à Cranfield (Partie 1))), Bac+8, le plus haut grade universitaire (excluant les docteurs en médecine, qui est un cas à part du système LMD).

Filières de l'enseignement supérieur en France [Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_dipl%C3%B4mes_en_France]

Pendant 3 ans donc, vous resterez étudiant, tout en ayant le statut de salarié : vous serez un thésard. Vous travaillerez et serez alors payé dans un laboratoire d'une école doctorale, rattachée à une université ou une école (d'ingénieur). De plus, ce laboratoire dépend en général d'un organisme du MESR (Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche), notamment :
- les EPCSCP, les Établissements Publics à Caractère Scientifique, Culturel, et Professionnel : les universités, les INP (Instituts Nationaux Polytechniques), les INSA (Instituts Nationaux des Sciences Appliquées), ... ;
- les EPST, les Établissements Publics à caractère Scientifique et Technologique : le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), l'INRA (Institut National de Recherche Agronomique), l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), ... ;
- les EPIC, les Établissements Publics à caractère Industriel et Commercial : le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux énergies alternatives), l'ONERA (Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales), la SNCF (Société Nationale des Chemins de fer Français), ...

Selon le type d'entreprise et de votre sujet de thèse, différentes conventions (contrats) existent, souvent rattachées au "contrat doctoral" :
- convention "normale" : c'est le cas lorsque vous faites une thèse "classique", en laboratoire universitaire ;
- convention CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche) : votre thèse est en lien avec une entreprise (EPIC ou privée) qui vous paye elle-même, et dont vous devrez rendre des comptes régulièrement, même si vous réalisez vos travaux (recherche bibliographique, expériences) dans un laboratoire universitaire ;
- autres conventions.
En remarque, les labos du CNRS sont aussi dénommés UPR (Unités Propres de Recherches), ou bien UFR (Unités de Formation et de Recherche) en tant que composantes des universités. Lorsque des laboratoires travaillent en coopération, ce qui est souvent le cas, on parle d'UMR (Unité Mixte de Recherche).

Étant encore un peu étudiant, vous "subirez" encore des enseignements obligatoires comprenant des matières scientifiques (en lien ou non avec votre sujet), ainsi que des cours transverses comme : de l'insertion professionnelle, de l'économie, de l’apprentissage de l'éducation (puisque la plupart des thésards "classiques" voudront poursuivre dans l'enseignement), etc. Le but est d'approfondir la culture scientifique, tout en favorisant la rentrée dans le marché de l'emploi après les 3 ans de thèse. Il n'est pas impossible, aussi, de faire quelques activités extras que votre école doctorale vous demandera.

[Source : https://giphy.com/gifs/reactiongifs-Rhkq4ehWqVX56]
Il ne faut pas avoir peur de travailler pendant 3 (longues) années sur un même sujet, et ne pas avoir peur évidemment de la recherche. Votre salaire sera plus bas que si vous commenciez directement à travailler en tant qu'ingénieur (d'autant plus que le double-diplôme peut vous apporter une plus-value sur votre salaire). Ce salaire provient du financement qu'a obtenu une université auprès du MESR (bourse MESR pour sujets de thèse prioritaires), ou d'ailleurs (fonds privés d'entreprise).

Néanmoins, les docteurs (et ingénieurs-docteurs) commencent ensuite avec un salaire plus élevé que celui d'une personne à diplôme Bac+5 équivalent sans doctorat, et parfois directement à un poste plus élevé. Mais sachez que la personne n'ayant pas fait de thèse, aura déjà 3 ans d'expériences, avec la montée de salaire qui va avec.
Souvent, dans le cas des conventions "normales" et des thèses à tutelle EPCSCP, vous pourrez tout de même (si vous le désirez) arrondir vos fins de mois en étant chargé de TDs (vous donnerez donc des cours pour corriger des exercices), ou bien chargés de Travaux Pratiques (TPs), en lien avec un cours universitaire ou cours spécifique (chaire). Interdit par contre de donner des cours magistraux, dénommés CM, en amphithéâtre, qui sont eux exclusivement réservés aux MCF (Maîtres de Conférence) ou Pr. (Professeurs).


Deuxième choix : diplôme complémentaire
Après votre diplôme Bac+5, vous avez aussi la possibilité d'obtenir un autre diplôme Bac+5. La plupart des étudiants ingénieurs poursuivent ainsi vers un diplôme des SHEJS (Sciences Humaines, Économiques, Juridiques, et Sociales), qui sont des sciences transverses non-scientifiques, mais essentielles au métier d'ingénieur.
[Source : https://giphy.com/gifs/life-school-college-fhAwk4DnqNgw8]

Par exemple, le management. Le management est vu en école d'ingénieur, mais très peu. Or, c'est une discipline essentielle et très appréciée par les patrons, puisque c'est un sérieux atout pour le management de projet et pour montrer que vous détenez les outils pour gérer une équipe. Vous avez comme choix le réseau des IAE (Institut d'Administration des Entreprises) : comme Polytech qui sont des écoles d'ingénieurs universitaires, l'IAE est un regroupement d'écoles universitaires de management.
Aure exemple, l'administration. Citons l'ENA (École Nationale d'Administration), vous savez, l'école sélective qui forme les futurs hauts-fonctionnaires de l’État, la plupart des politiciens, etc. Par contre, j'espère que vous avez un bon porte-monnaie pour étudier là-bas.
Encore un autre exemple, le commerce, comme la Toulouse Business School.

Votre grade de master vous permet aussi de gagner des années d'études, grâce aux équivalences et aux ECTS. Si par exemple vous désirez avoir un autre Master, vous ne serez pas obligé de faire les années de Licence (L1, L2, L3), mais seulement une (M2) ou les deux (M1, M2) années du Master que vous voulez, à condition que le domaine ne soit pas trop éloigné de votre premier diplôme Bac+5.



Peaufiner ses expériences et/ou travailler directement


Les études, ça va 5 minutes, mais il y a un moment les cours et les examens, il y en marre. Il serait temps de commencer sa vie d'"adulte".

Premier choix : le travail (direct) en entreprise
Pas la peine de trop détailler cette partie, ici il suffit de postuler pour un emploi dans une entreprise ; et de rentrer ainsi dans le marché de l'emploi et de la vie active "classique".
Dans ma classe à Cranfield, je pense là à deux personnes qui ont trouvé un emploi, mais les deux dans des situations différentes.
  • Au Royaume-Uni, vous avez un choix de parcours qui existe peu en France : les graduate programs. Quand vous finissez vos études (Bac+5) ici, vous pouvez vous engager dans une formation de 2 ans dans une entreprise, le graduate program (programme diplômant). 
Durant ces deux ans, vous changerez d'emplois (exemple : 3 postes en 2 ans) dans l'entreprise qui vous aura engagé, pour apprendre différents métiers (ou fonctions d'ingénieur). Vous serez donc amené à changer de poste et à bouger régulièrement. Vous toucherez un salaire proche, si ce n'est identique, de celui d'un ingénieur (donc rien à voir avec celui d'un thésard).
Il n'y a pas de diplôme à la clé, mais un sérieux plus sur votre CV, ainsi que la quasi certitude d'être embauché à la fin, avec un poste haut dans la hiérarchie ; une certitude bien plus grande qu'une thèse CIFRE à titre d'exemple, car là vous travaillerez complètement pour l'entreprise qui s'occupera de votre entière formation (elle n'a donc aucun intérêt à vous laisser partir ensuite).
Exemple du programme d'Airbus :

Graduate Program d'Airbus [Source : http://www.airbusgroup.com/int/en/people-careers/students-graduates/international_graduate_programme.html]

  • L'autre solution est tout simplement le job, l'obtention d'un poste fixe (au départ) dans une entreprise.
[Source : https://giphy.com/gifs/94EQmVHkveNck]



Deuxième choix : le volontariat
Il y a plusieurs types de volontariat. Ceux-ci s'effectuent en général à l'étranger, comme le VI (Volontariat International), sinon on parle plutôt de Service Civique (bien que moins technique que le VI). Au cours des VIx, vous êtes payé très peu, bien moins que le SMIC (vous gagnerez aux alentours de 500,00€ (£431.03)), mais par contre, vous serez exonérés des frais de logements (et de nourriture je crois), donc ça vaut le coup finalement.

[Source : https://giphy.com/gifs/cbc-yes-good-26BGJOJ1Ojou7vJte]

Les VIx sont appréciés en entreprise. Ils constituent une expérience internationale, mais également une expérience technique dans certains cas, au travers des VIE (pour VI en Entreprise) et VIA (pour VI en Administration). Ceci est moins le cas des VIES (pour VI d’Échange et de Solidarité) plus orientés sur l'aspect humanitaire.



Où ? (Quand ?) ; exemples



D'abord, à vous de répondre à une première question : revenir en France ? ou rester au Royaume-Uni ? (ou bien rester à l'étranger, dans un autre pays ?). Il y a beaucoup de personnes qui ne souhaitent pas rentrer dans leur pays natal. Un grec de ma classe cherche actuellement un emploi en Angleterre, au vue de la crise économique grecque. Mais il n'est pas le seul à vouloir rester, comme pas mal d'espagnols, et je vais y venir.

Je vais expliquer en prenant des exemples concrets, puisqu'ici à Cranfield, j'ai honnêtement eu dans mon entourage, tous les cas de figure.
Pour les choix cités précédemment :
- Une française d'ici va faire une thèse en France, après avoir quand même postulé en Angleterre, dans le domaine des matériaux énergétiques.
- Deux français ont été pris à l'ENA après Cranfield. La classe. Une personne restée à Polytech Montpellier pour la 5ème année, va sans doute faire l'IAE l'année prochaine, et une autre est déjà inscrite. Aussi, une personne de mon école d'ingénieur intégrera à la prochaine rentrée l'école de business de Toulouse.
- Un espagnol a décidé de rester en Angleterre, et il a été engagé dans un graduate program avec Bombardier, concurrent canadien de l'européen Airbus et de l'américain Boeing. Cette personne a quand même eu deux propositions, entre Bombardier et Airbus (le mec pèse quand même).
- Une française a trouvé un emploi dans le Parc Technologique de Cranfield, là où certaines entreprises se sont installées. Et justement, elle va travailler (emploi) pour Nissan (encore une grande entreprise, je suis content pour mes potes).
- Un français, après avoir fini son stage (de Cranfield) en France, va travailler encore 1.5-2 mois dans l'entreprise (Safran) car sinon la durée du "stage de Cranfield" n'est pas assez longue ; j'en avais déjà parlé dans le blog. Et juste après, il aurait pu partir faire un VIE dans l'armée (marine) pendant un an, où il avait été pris pour gérer le décollement des avions, mais finalement ça ne se fera pas à cause des dates de son stage qui changèrent.

*with them! [Source : https://giphy.com/gifs/starwars-star-wars-the-empire-strikes-back-3ohuP7ku84lJPfQsVi]
 
Donc comme vous pouvez le voir, les chemins sont assez différents. C'est donc à vous de voir.
Par ailleurs, vous n'êtes pas non plus obligés de faire quelque chose directement après Cranfield. Il y a pas mal de personnes qui vont retourner chez leurs parents pendant 6 mois au moins pour se reposer un peu après toutes ces années d'études. Vous pouvez aussi prendre une césure plus longue avec une année sabbatique, pourquoi pas partir un an à l'étranger pour découvrir de nouvelles cultures et vivre de petits boulots ; pour ainsi revenir davantage grandi.

C'est à vous de tracer votre route selon vos envies et vos moyens. Les choix que j'ai énoncés ici sont assez généraux, chacun maintenant est libre d'avoir son parcours atypique. Par ailleurs, ma liste n'est pas du tout exhaustive, je n'ai pas mentionné les cas de création d'entreprises par exemple.






Mon futur

 

Dans cette seconde partie du billet, je vais parler de mon cas personnel.
Même si, honnêtement, j'ai mis des informations qui pourraient vous être utiles, il y aura quand même beaucoup moins d'infos générales pour vous.


Verdict !



Réponse et motivations


Pour ma part, je n'ai pas eu à réfléchir beaucoup, car je savais ce que je voulais faire, et ce depuis la Terminale. Ce projet n'a toujours pas changé malgré les années, malgré les doutes (maman, si tu me lis, les discussion furent parfois houleuses...) ; c'est pourquoi, à partir d'octobre 2017, je serai officiellement un doctorant.
Du coup, j'ai fait le choix de gagner moins d'argent, pour peut-être en gagner plus plus tard. Cela va être difficile au début, car partir un an à l'étranger vous assèche complètement (vous voyez l'analogie ?). Additionnellement, j'ai conscience que pour un ingénieur, ce n'est pas vraiment la voie classique à faire : selon le rapport interne d'enquête sur la situation professionnelle des diplômés de Polytech Montpellier, dans la promotion 2015, seul 1% a poursuit en thèse. Regardez par vous-même :

Situation actuelle des diplômés de Polytech Montpellier par promotion [Source : Enquête CGE 2016, Polytech Montpellier]

Le département MAT (Matériaux), celui auquel j'appartiens, est par contre celui qui a le plus grand nombre d'étudiants futur thésards.

C'est d'ailleurs une des raisons qui m'a poussé à faire un double-diplôme ici à Cranfield, car j'aurai ainsi, en plus du diplôme d'ingénieur, un Master de recherche. Ce-dernier est un gros avantage pour moi, en tant que (futur) ingénieur, si je veux continuer en thèse ; aussi bien dans le recrutement que lorsque je ferai de la recherche (fondamentale ou appliquée).

Mais, ma principale motivation est que j'aime apprendre toujours et toujours plus, je suis quelqu'un d’extrêmement curieux, et la thèse me permettra à mon tour de pouvoir repousser les limites de la science. Pour moi, le doctorat est une sorte d'aboutissement de tous les efforts que j'aurai fait durant mes années d'études. D'une certaine manière, c'est un besoin d'accomplissement de soi (cf. la pyramide des besoins du psychologue américain Abraham Maslow, dans sa théorie de la motivation).
Par ailleurs, je ne me sens pas encore prêt à travailler juste après le diplôme. Pas dans le sens où je ne veux rien faire (j'ai travaillé chaque Été (emploi saisonnier, stage)) puisque je me considère comme un bosseur, mais dans celui où je ne me sens pas encore prêt à devoir diriger une équipe, ou bien avoir de hautes responsabilités. Je pense que je serai plus mature, j'espère moins stressé, et mieux préparé, après la thèse. De plus, il n'est pas dit non plus que je trouve un emploi dans l'immédiat :

Activité des diplômés de Polytech Montpellier [Source : Enquête CGE 2016, Polytech Montpellier]

Cela n'enlève en rien au fait qu'il vaut mieux prendre son temps pour construire sa futur carrière le plus possible. Mais pour ma part, mon projet professionnel était très clair, et je ne voulais surtout pas rester par exemple 6 mois "sans rien faire". Là avec la thèse, après Cranfield, j'aurai quelque chose à faire dans l'immédiat (moins d'un mois de vacances) ; et avec une sécurité d'emploi pendant 3 ans, ce n'est pas rien.

Pour finir, ma dernière motivation :
Les entreprises considèrent une thèse en collaboration avec une autre entreprise, comme une thèse CIFRE, en tant qu'expérience de travail. Donc en plus d'avoir un autre diplôme, j'aurai une expérience qui pourra éventuellement me faciliter l'accès à un job plus tard. L'entreprise collaborative, en général, recrute le thésard, comme c'est le cas avec les stagiaires ingénieurs de dernière année qui sont souvent embauchés à l'issu de leur période.
Par ailleurs, c'est tout à l'avantage des entreprises d'embaucher des jeunes docteurs, puisqu'en dégageant plus d'argent pour la recherche, ils bénéficient de réductions fiscales liées au Crédit d'Impôt Recherche (CIR).
Vous l'aurez compris, je vais faire ma thèse en collaboration avec une entreprise, et même une deuxième ! Pour un ingénieur, c'est une assez bonne situation.

[Source : https://68.media.tumblr.com/ea2b40db032296c92f9336badc466dfd/tumblr_inline_n0w8f2zXQw1s9oydo.gif]
J'ai pas pu résister, ce mec est un tueur... [Source : http://68.media.tumblr.com/60f209fcd266e6a75bf61f90f720c2aa/tumblr_n0qqoaFd3F1sgh5zho2_r1_250.gif (All French Gifs)]


Remarque


Dans ma classe (environ 20 élèves), on est peu à avoir trouvé quelque chose après Cranfield, à peu près 5 seulement. C'est une petite fierté puisque nous sommes enviés par nos collègues grâce à ça. Me concernant, ils m'appellent "alors futur docteur ?". Oui parce-que, j'en ai déjà parlé dans ce blog, une personne obtenant le diplôme national du doctorat, se voit donné le titre de docteur (Dr.) ; et je ne vais pas vous le cacher, j'adore ça !
Néanmoins, sachez que ce n'est pas grave si vous ne trouvez pas dans l'immédiat, surtout pas ! Il vaut mieux attendre un peu et être sûr de ce que voulez faire, plutôt que de faire quelque chose au plus vite, et le regretter plus tard.





Mon sujet de thèse



Le sujet

 

J'ai postulé notamment à deux villes en France : Toulouse, afin de pouvoir me rapprocher du siège social d'Airbus qui est situé dans l'agglomération toulousaine, et Grenoble, pour la réputation de la ville en matière d'enseignement supérieur. E.g. : top 50 des universités mondiales et top 3 en France dans la thématique "Materials Science and Engineering" du classement Shanghai 2017 (classements de l'université ici), puis top 200 (entre 151 et 200) des universités mondiales et top 10 en France toute thématiques confondues (Academic Ranking of World Universities 2017)).
Donc, pour trouver les sujets, je savais déjà où chercher, et si vous voulez faire une thèse, c'est ce qu'il faut faire. La recherche d'une thèse se fait comme la recherche d'un emploi : vous devez postuler vous-même pour un sujet en particulier. Je suis donc à chaque fois allé sur le site de l'université, puis sur le site de l'école doctorale (après en avoir eu la liste), puis je suis allé voir les labos et je me suis dirigé sur les liens internet de chacun d'eux. De là, j'ai regardé toutes les offres qu'ils proposaient. Selon les universités et les entreprises, les dossiers changent plus ou moins. Pour les dates, cela dépend. Certaines entreprises avaient des dates limites en mars. Les universités ont des dates limites situées aux alentours de mai-juin. Il existe également des sites qui répertorient l'ensemble des offres en France, mais je ne les ai pas trouvés très efficaces.
Plus bas, je vous montre la première page de mon dossier pour la plupart de mes postulations :

Page de garde de mon dossier

En postulant à un des sujets, j'ai eu une réponse me disant de postuler pour un autre sujet, ce que j'ai fait, et c'est celui sur lequel je vais travailler pendant 3 ans.
J'ai d'abord eu l'accord du superviseur académique après rendez-vous téléphonique, puis j'ai dû avoir l'accord du directeur des Ressources Humaines de l'entreprise ainsi que du directeur de Recherche & Développement (superviseur industriel) par téléphone également, et enfin l'accord de l'organisme de l’État (par consultation de dossier). La réponse définitive (donc après évaluation de mon dossier par l’État) fut prononcée fin-mai.
Sachez que Cranfield (double-diplôme + expérience internationale + cours avancés sur la fracture des matériaux) a été crucial pour moi pour l'obtention de cette thèse.

Voici la fiche explicative de ma future thèse :
Sujet de thèse 2017-2020

Mon travail consistera donc à étudier la propagation de fissures dynamique (ténacité dynamique, une caractéristique mécanique des matériaux) de céramiques avancées, à très haute ténacité (grâce à de nouvelles formulations). Ceci, sous impact de projectiles à hautes vitesses, qui entrainera une multi-fissuration du matériau.
Les céramiques seront envoyées par Saint-Gobain, analysées à Grenoble (mon principal lieu de travail), et l'application de ces matériaux sera pour le domaine militaire, d'où l'implication de la DGA.
Cette analyse se fera expérimentalement (essais d'impacts (normal et sur tranche) sur éprouvettes standardisées puis sur structures (traction dynamique et micro-tomographie à rayons X), et numériquement sous Abaqus (logiciel de simulation numérique pour effectuer des calculs par éléments finis et prédire les comportements). 


Détails sur l'encadrement

La thèse sera une convention DGA, dont je n'ai pas parlé en début de ce billet. Une convention DGA est une thèse co-financée par la Direction Générale de l'Armement, qui est un des organismes sous la tutelle du ministère (régalien) des Armées (nouveau nom du Ministère de la Défense). C'est la DGA qui me financera (même si je recevrai ma paye de la part du laboratoire), et qui financera à peu près la moitié de la thèse. L'autre moitié est obligatoirement financée par un autre organisme, ici, l'entreprise Saint-Gobain (s'il n'y avait que Saint-Gobain, ce serait une convention CIFRE) et l'UGA.

Concernant mon/ma futur(e) tuteur/tutrice, il/elle est enseignant(e)-chercheur(-se), avec le titre de Professeur(e) (Pr.) à l'université de Grenoble. Sans détailler la personne (pour garder son anonymat), elle possède un CV et une reconnaissance impressionnante je trouve. En effet, je suis assez admiratif de l'individu, qui a eu une "mention très honorable avec félicitations du jury" pour sa thèse, mention honorifique la plus haute associée au diplôme de Doctorat, très peu accordée. La barre sera placée haute pour mon cas, ce qui d'une certaine manière, me fait un peu peur, mais bon.
Je serai co-encadré par un(e) autre enseignant(e)-chercheur(-se), avec le titre de Docteur (Dr.) en tant que MCF (Maître de Conférence), à l'université de Grenoble. Mais surtout, je serai également co-encadré par un Docteur-Ingénieur (Dr.-Ing.) Recherche et Développement (R&D) de Saint-Gobain ; et enfin, je serai encore co-dirigé par un Docteur-Ingénieur d'études de la DGA. Ça commence à faire du monde.

Enfin, j'ai déjà été informé sur la valorisation de cette thèse, à savoir que je suis supposé publier au moins deux fois dans les 3 ans, et j'aurai la possibilité de donner des enseignements en mécanique (pour le moment, un TP et un TD). Dans ce cas, on parle parfois de vacations, un service rendu. 




Acteurs de la thèse


Hors académie
 
La DGA

La DGA assiste le ministère des Armées, avec le SGA (Secrétariat Général pour l'Administration) et le chef d’État-Major des armées. Son rôle est de s'occuper de l'équipement de défense français et de l'armée française. C'est un des principaux organismes du ministère ci-nommé, au même titre que les armées de terre, de mer, et de l'air.
La DGA est elle-même divisée en plusieurs organismes ; et je travaillerai dans la Direction de la Stratégie (DS) [site Balard, quartier général du ministère dans le 15ème arrondissement de Paris] ; chargée de la stratégie pour la recherche technologique, l'industrie, et les programmes d'armement. Ceci, en coopération avec le MRIS (Mission pour la Recherche et l’Innovation Scientifique). Au travers de la Direction Technique, la DGA est implantée dans différents endroits de France, comme à Toulouse (DGA TA (Techniques Aéronautiques)).

Saint-Gobain 

Saint-Gobain est une entreprise française, spécialisée dans la production, la transformation, et distribution de matériaux. Considérée comme leader mondial de l'habitat, elle travaille particulièrement sur les matériaux que sont les verres et les céramiques.
Bien que son siège social se situe dans la banlieue parisienne, son Centre de Recherche et d’Études Européen (CREE, un de ses huit grands centres de recherche) est situé à Cavaillon, dans le département du Vaucluse (région PACA). Je serai lié au département R&D.


Académie

L'université de Grenoble

J'aurai donc un tuteur DGA, un tuteur industriel de Saint-Gobain, mais aussi un tuteur académique de l'université.
L'Université Grenoble-Alpes (UGA), issue de la fusion en 2016 des trois universités Grenoble-I (Université Joseph-Fourier, université des sciences, technologies, et santé), Grenoble-II (Université Pierre-Mendès-France, université des sciences humaines et sociales, d'économie, et de droit), et Grenoble-III (Université Stendhal, université de langues et de cultures étrangères, de littératures anciennes et modernes, de sciences du langage et de communication, des arts du spectacle). Dans son nom, les Alpes font bien sûr référence à la chaîne de montagnes qui est située juste à côté.
Grenoble-Alpes est bien classée en France, a une visibilité mondiale, et a obtenu en 2016 le label IDEX (Initiative D'EXcellence) via la Communauté Université Grenoble-Alpes.  L'IDEX fait partie du programme d'IA (Investissements d'Avenir), qui correspond à un investissement financier de l’État pour aider les plus grandes universités de France à concurrencer les établissements d'enseignements supérieurs de l'étranger. Quant à la Communauté, c'est une ComUE (Communauté d'Universités et Établissements) qui rassemble plusieurs établissements d'enseignement supérieur de l'académie de Grenoble.
Parmi eux, ceux avec lesquels je serai lié durant la thèse : l'université Grenoble-Alpes, et Grenoble-INP (Institut National Polytechnique) (école d'ingénieur du réseau INP, un autre réseau, comme l'est celui de Polytech).

Le laboratoire

Le laboratoire dans lequel je serai est le 3SR (UMR 5521), pour "Sols, Solides, Structures, et Risques". Trois équipes y travaillent, et je ferai partie de l'équipe RV (Risques, Vulnérabilité des structures et comportement mécanique des matériaux) (spécialité : 2MGE (Matériaux, Mécanique, Génie civil, Électrochimie)).
Ce labo', appartenant au domaine universitaire, est sous la tutelle de trois organismes : l'université Grenoble-Alpes, l'école d'ingénieur Grenoble-INP (un EPCSCP), et le CNRS (un EPST). En outre, ce labo' fait partie de l'école doctorale (de Grenoble-Alpes) I-MEP2, l'acronyme signifiant Ingénierie - Matériaux, Mécanique, Environnement, Énergétique, Procédés, Production.




En quoi le sujet est-il novateur ?

 

Le but d'une thèse (comme d'un projet), c'est d'apporter quelque chose au monde de la science, qui n'avait pas été fait auparavant. La contribution du thésard est donc d'apporter de nouvelles connaissances dans le domaine dans lequel il travaille. Ça peut être aussi le fait d'optimiser (améliorer) de précédant travaux.
Ce qui a été déjà fait avant moi, dans ce domaine :
- essais d'impacts sur céramiques avancées conventionnelles (civiles, comme le carbure de silicium SiC) ;
- essais de ténacité dynamique, en expérimental et en simulation.
Le domaine de fracture que je vais étudier est donc connu.

[Source : https://giphy.com/gifs/excited-oprah-shouting-y8Mz1yj13s3kI]

Selon mon future directeur de thèse, voici les nouveautés que j'apporterai : 
- les céramiques que je testerai sont "révolutionnaires" (ténacité augmentée d'un facteur 5 ou 10, nouvelle microstructure à porosité contrôlée...) et n'ont jamais été testées ;
- tests d'impact avec une nouvelle instrumentation : utilisation d'une caméra Kirana de résolution 800.000 pixels avec 5.000.000 fps ; ainsi que d'un système d'interférométrie inédit ;
- nouvelles techniques expérimentales :

--- pour la première fois (brevet déposé (pour la propriété intellectuelle) par le labo il y a quelques mois), essais d'écaillage, i.e. enlèvement de matière par facteur mécanique (impact, érosion, fatigue) ou chimique (corrosion), à vitesse de déformation contrôlée ;
--- pour essais de ténacité dynamique : logiciel fonctionnant avec la méthode des éléments finis étendus (MEF étendus), une méthode numérique utilisée pour la fracture des matériaux présentant une singularité géométrique (fissure), plus efficace que la MEF dans ce cas, que le labo n'avait pas auparavant ;
--- essais balistiques (mouvement des projectiles) fortement instrumentés : standardisation, ce qui ne fut jamais le cas avant (pas de réglementations), des essais dynamiques à l'impact grâce à un lanceur financé par la DGA et Saint-Gobain.

[Source : https://giphy.com/gifs/IUZtGhVO8hZ6w]




La ville


Petites informations de base
Région : Auvergne-Rhône-Alpes (partie de l'ancienne Rhône-Alpes), département de l'Isère (38), dont elle est la préfecture (chef-lieu du département). La ville (et non la métropole) possède 4 cantons (6 avant la réforme de 2013), donc est subdivisée en 4 parties pour 5 groupes de conseillers départementaux.
L'inter-communauté s'appelle Grenoble-Alpes métropole depuis 2015, succédant à la communauté d'agglomération créée en 2000.

Je ne connais pas encore la ville, mais je pense que la page Wikipédia peut aider : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grenoble.
D'autres articles sur internet aident également à se faire une idée de la ville, comme malheureusement sa pollution, due à l'effet "cuvette" du relief montagneux entourant la ville, qui empêche la dissipation des polluants de l'air.
Il fut difficile de trouver un logement puisque je n'ai pas encore de travail fixe, et les agences et particuliers ne veulent rien savoir si vous ne vous déplacez pas, ce qui est assez difficile dans mon cas actuellement. Mais j'ai finalement trouvé dans la métropole grenobloise (merci maman !).

Pour revenir à notre ami Wiki, vous avez cette image :

Plusieurs sites de la ville [Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grenoble]
Copie Wikipédia de la légende de l'image ci-contre :
"De haut en bas, de gauche à droite : Grenoble et ses massifs depuis la Montée Chalemont ; Place et Cathédrale Notre-Dame ; téléphérique de Grenoble Bastille ; Marché sur la Place Saint-André et palais du Parlement du Dauphiné ; Fontaine des trois ordres ; Grenoble et les Alpes depuis le Vercors (vue sur la cluse de l'Isère, la Chartreuse et Belledonne) ; Écoquartier de Bonne (immeuble à énergie positive) ; Cours intérieure de l'hôtel d'Ornacieux."




















Tout de même, quelques détails sur la ville :

La démographie est l'étude de la population, sur les bases du nombre, des caractéristiques, et des dynamiques. On va surtout parler ici, de sa population, et de son classement parmi les villes les plus peuplées de France. Pour cela, il convient de distinguer deux termes :

- la ville :
La périurbanisation a vu un développement de la population proche des villes pour le besoin en transport, mais pas à l'intérieur même de celles-ci pour le besoin d'un "retour en campagne". Du coup, les villes ont commencé à se développer hors de leurs limites internes.
Selon l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques), l'organisation urbaine est subdivisée de la façon suivante, du plus petit découpage au plus grand : ville (ou ville-centre, ou commune-centre), la banlieue qui l'entoure (on atteint le niveau d'une agglomération), la couronne péri-urbaine qui regroupe l'ensemble des communes (i.e. une collectivité territoriale (selon la taille : ville, village, autre)), l'unité urbaine (ou agglomération urbaine, ou bien pôle urbain si elle est située hors de la couronne) qui en est sa continuité, et enfin l'aire urbaine  (ou région métropolitaine).

- l'aire urbaine (agglomération + communes) :
Elle représente donc la plus grande notion de ville. On parle de métropole, de par son statut de grande ville importante.

Par conséquent, par rapport aux autres villes de France, Grenoble se situe :
- Classement des communes, donc la plus petite division : 16ème (160 779 habitants en 2014), bien derrière Montpellier qui est 8ème (275 318 habitants en 2014), ou Lyon (préfecture de région) qui est 3ème (506 615 habitants en 2014), mais devant Clermont-Ferrand (ancienne préfecture de l'Auvergne) qui est 24ème (141 365 habitants en 2014) ;
- Classement des aires urbaines, donc la plus grande division : 11ème (ajout de 508 201 habitants du pôle urbain (2013)) avec environ 684 398 habitants en 2013, et comprenant 197 communes, contre la 14ème Montpellier avec 579 401 en 2013 et la 19ème Clermont-Ferrand avec 472 943 habitants en 2013, mais encore bien derrière Lyon (2ème avec 2 237 676 habitants en 2013).
Cette remontée dans le classement est compréhensible quand on regarde le transport de la métropole grenobloise, avec 5 lignes de tramway. Le campus de Grenoble, par exemple, qui est desservi par les tram's, n'est pas situé dans Grenoble même ; en effet, son domaine universitaire (une partie du campus total) est situé plus précisément dans la commune de Saint-Martin-d'Hères, dans la métropole. Les autres campus sont, à titre d'exemples, la presqu'île, ou encore une antenne délocalisée à Valence (département voisin de la Drôme). 

Pour des informations utiles, et même très utiles, sur la place de Grenoble comparée aux autres villes, au niveau des coûts de vie, je vous préconise de feuilleter ce rapport : Classement des villes selon le coût de la vie étudiante.

[Source : https://giphy.com/gifs/the-simpsons-scared-homer-simpson-jUwpNzg9IcyrK]



Dauphiné en France [Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dauphin%C3%A9#/media/File:Dauphin%C3%A9.svg]

Au même titre que l'Occitanie, ou Pays d'Oc (à ne pas confondre avec la nouvelle région administrative de l'Occitanie dont le nom pour moi, en tant que sudiste, n'est pas logique quand on se penche sur l'histoire de la région), la région de Grenoble possède elle aussi une entité historique et culturelle : le Dauphiné, ancienne province du Dauphiné qui était un territoire du Royaume de France.
Le nom fait référence au titre de dauphin de France, venant de l'ancien État féodal (région d'un seigneur) du Dauphiné de Viennois puis du Dauphin d'Auvergne, qui était attribué au prince ainé de la famille royale, le successeur au trône. Grenoble, en était la capitale.



GIANT

Le Grenoble Innovation for Advanced New Technologies est le second campus de Grenoble après celui universitaire. On l'appelle également le polygone scientifique, ou la presqu'île scientifique en raison de la rivière Isère qui l'entoure ; Isère qui se jette dans le fleuve du Rhône, qui lui même se jette dans la mer Méditerranée (via le delta de Camargue).
Se situent d'autres établissement d'enseignement supérieur (comme l'université Joseph-Fourier, une école de l'INP (Phelma), Grenoble École de management, ...), mais surtout des centres de recherche (CEA Grenoble, aussi de multiples laboratoires, ...), ainsi que des organismes internationaux (ESRF, ...), et enfin des entreprises et startups.

Quartier GIANT (vue depuis la Bastille (fort militaire) en 2008, géolocalisation, et logo) [Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Polygone_scientifique]


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire